Auteur/autrice : Rebecca

C’était une autre manière de prendre soin de moi et surtout une autre manière de me voir

J’ai découvert le projet « Un Anonyme Nu Dans le Salon » par une publicité sur Facebook. Habituellement, je me contente de supprimer ces publicités sans vraiment les regarder comme une énième nuisance. Celle-ci m’a interpellée. Elle était différente. Rien que le titre du projet provoque quelque chose. Anonyme et nu, c’est ces deux mots côte à côte m’ont intriguée. J’ai trouvé le concept original. Il y a quelque chose dans le descriptif du projet qui a raisonné avec mon amour de la vie, mon attirance pour une vision simple et juste des choses naturelles. J’ai été séduite par les photos, par la vie qu’elles dégagent, et par le projet. Je dois préciser que je suis assez peu réceptive à la photographie en général. Les photos retouchées qu’on voit tout le temps dans les pubs sont sans doute en grande partie la cause de ce désintérêt. Pourtant, il m’est aussi arrivé, de manière très ponctuelle, de voir des photographies d’art et d’en apprécier certaines. Il y a de très belles choses dans ce domaine mais il m’attire peu. J’ai vraiment aimé les photos de la collection « Purity ». Elles dégagent quelque chose de pur, de sobre et d’extrêmement délicat. J’ai été saisie par la finesse du portrait d’un vieil homme assis, les bras entourant ses jambes, tête baissée. J’ai trouvé cet homme très digne, très beau. La collection « backstage » m’a touchée d’une manière différente. Elle est plus sombre, plus tranchée. Elle me donne l’impression d’une grande élégance un peu sauvage. Elle capte quelque chose qui impose un arrêt et donne envie de découvrir, de comprendre, de ressentir cette ambiance si particulière. En parcourant ces photos, j’aime voir ces personnes toutes différentes. Si parfois les poses peuvent se ressembler, les corps sont uniques. J’aime leur diversité. Chacun a sa personnalité. Idan en a fait ressortir la beauté. 

Curieuse de nature, j’aime expérimenter de nouvelles choses. C’est un trait de caractère qui s’est développé au fil du temps. Récemment, j’ai eu quelques moments un peu difficiles qui m’ont laissée épuisée. J’en ai tiré un besoin de découvrir plus profond, plus impérieux. C’est une sensation qui se situe entre la faim de la découverte et la gourmandise. Je me suis inscrite, un peu sur un coup de tête, sans vraiment savoir ce que je cherchais ni même si je cherchais quelque chose. Je cherchais sans doute à faire quelque chose d’unique. J’étais dans un état d’esprit très particulier. Chaque chose nouvelle que je pouvais vivre, découvrir, apprendre ou réaliser était un peu comme partir pour une chasse au trésor. J’ai toujours ce plaisir. Il est moins impérieux mais la perspective d’une nouveauté reste une grande joie pour moi.

Le rapport à mon corps n’a jamais été une priorité pour moi. Pendant longtemps, je ne prêtais absolument aucune attention à mon aspect extérieur. La manière dont j’étais habillée ne m’intéressait pas du tout. Tant que mes vêtements étaient confortables, ça me convenait. J’ai commencé à faire un peu plus attention à la manière dont je suis vêtue quand j’ai commencé mon métier de comptable où ma tenue vestimentaire pouvait avoir une certaine importance vis-à-vis de la clientèle. A cette époque, j’ai croisée une femme de l’âge de mes parents, une responsable. J’ai été frappée par son élégance. Le temps était bien passé sur elle mais elle avait quelque chose dans son apparence, dans son maintien et ses vêtements qui la rendait très belle. J’ai eu envie de dégager moi aussi quelque chose. Je ne suis pas pudique, la nudité ne me dérange pas. Je l’ai peut-être été très légèrement adolescente mais c’est passé. J’ai vécu un moment parmi des gens, principalement des hommes, pour qui ça n’avait aucune importance. Je suis toutefois souvent confrontée à des personnes qui le sont. En général, je prends soin de respecter leur pudeur. Cependant il m’arrive d’oublier et d’ouvrir la porte à moitié vêtue quand une amie vient me rendre visite et que je ne suis pas prête, ou de me changer devant tout le monde après le sport en omettant de le faire discrètement. Me voir en sous-vêtements surprend quelquefois mes partenaires masculins.  

Il y a quelques années, j’ai fait de l’escrime. Avant ça, il n’était pas question de me faire faire quelque sport que ce soit. J’ai fait cinq ans d’escrime. En ce moment, mon corps a beaucoup changé. Mes muscles se sont développés, j’ai commencé à bouger de manière plus fluide. J’ai senti mon corps se transformer profondément. J’ai un peu oublié cette sensation en cessant ce sport. Je suis passée d’un travail très dynamique en commerce à un travail de bureau. Je me suis fait poser un implant contraceptif qui m’a fait prendre beaucoup de poids. J’ai dépassé les 75 kg pour 1m60. J’ai commencé à avoir des problèmes de santé. Puis, dépassée par les évènements, j’ai décidé de perdre du poids. C’était une manière de reprendre ma vie en main. Alors que mon rapport à mon corps s’était réduit à un surpoids et à de violents maux de tête, j’ai de nouveau senti qu’il pouvait être différent. J’ai eu envie de pratiquer un nouveau sport. J’avais beaucoup changé et l’escrime ne m’attirait plus. Je voulais quelque chose de nouveau. Il y a deux ans, j’ai décidé de pratiquer un art martial. J’en avais envie depuis longtemps. J’ai essayé le kali eskrima (art martial philippin qui se pratique essentiellement avec des bâtons) et je me suis retrouvée à pratiquer ce sport et le chanbara (escrime japonaise qui se pratique avec des sabres en mousse). Ce sont deux pratiques qui modèlent à la fois le corps et l’esprit. Ce ne sont pas uniquement des sports. Ce sont aussi des arts de vivre auxquels sont attachées de profondes valeurs de respect de soi et des autres. La pratique d’arts martiaux a changé mon rapport à mon corps, ma manière de me tenir, de le ressentir. Mes muscles se sont de nouveau développés. Mon corps a changé de forme. Il est devenu plus harmonieux et plus confortable. Mes capacités d’attention, de réflexion, ma coordination se sont affinées. Je suis devenue moins maladroite, plus précise, plus rapide, plus vive, plus détendue, plus sereine. Je m’y suis sentie plus à l’aise. Dans ce contexte, poser pour le projet « un anonyme nu dans le salon » me semblait être une chance de voir mon corps d’une manière encore différente, cette fois dans une dimension visuelle. Cette expérience m’a permis de prendre conscience de l’aspect extérieur de mon corps non plus dans ma posture, mes mouvements et ma musculature mais dans une beauté physique que j’ai toujours négligée. J’avais envie de me voir belle.

J’étais très excitée à l’idée de faire cette expérience. Je ne voulais pas attendre. J’en ai parlé à très peu de monde autour de moi. Ce n’était pas par honte ou gêne ou quoi que ce soit du genre. C’était plutôt pour m’épargner des réflexions comme « Tu vas pas faire ça ? », « Tu n’as pas peur? », etc… Ce sont des réactions que j’ai suscitées plus d’une fois pour toutes sortes de choses que j’ai entreprises comme changer de métier ou de poste, partir en voyage seule, me couper les cheveux ou adopter un chat. Alors non, je n’ai eu pas eu peur de faire différentes expériences. L’avis de mon entourage ne m’a pas du tout empêchée d’en faire à ma tête. Ce type de réflexions est lassant et j’ai pris l’habitude de faire ce que je voulais en n’informant que certaines personnes très proches de moi. Malheureusement, la photo de nu est associée à la pornographie, ce qui est fort dommage car les corps ont une beauté simple qui mérite d’être rappelée. Ce qui est curieux, c’est que personne ne m’a jamais posé ce genre de question quand j’ai pris rendez-vous avec un ostéopathe pour la première fois, alors qu’on s’y trouve en sous-vêtements et qu’en plus, l’ostéopathe touche ses patients. Les personnes à qui j’en ai parlé ont eu la réaction attendue, ce qui n’a absolument pas entamé mon enthousiasme. J’avais pris le temps de visiter le site et le projet me semblait sérieux. Cette expérience était devenue très importante pour moi. Je sentais que ça m’apporterai quelque chose. Je pense que les nouvelles expériences font grandir. Je crois qu’il y avait là un besoin intime que je voulais réaliser. 

J’ai pris le temps de regarder les photos exposées au studio. Elles étaient vraiment belles, tirées en grand format et exposées sur les murs ! Je n’aime pas le numérique. Il n’y a rien de telle qu’une œuvre d’art exposée physiquement dans un lieu et dans des conditions qui la mettent en valeur. C’est comme ça qu’elle acquière toute sa puissance et qu’elle est la plus belle. Regarder ces photos dans ces conditions était apaisant. Je n’avais pas besoin d’une nouvelle motivation. 

Il a été un peu étrange de sortir nue de derrière le paravent mais j’ai très vite oublié cette sensation. C’était tout naturel et je n’y ai vite plus fait attention. Poser a été très étrange au début. J’avais un peu oublié que je n’aime pas du tout poser pour des photos, que ce soit des photos de groupes, entres amis, en famille ou seule. En général, j’évite de le faire. J’étais mal à l’aise de poser, de prendre des positions qui n’étaient pas du tout naturelles, parfois un peu inconfortables. J’avais le réflexe de me figer à chaque pose. Sourire quand on me demande de sourire est quelque chose d’impensable. Pour moi, ça ne peut être que spontané. C’est quelque chose que je fais de manière naturelle. Je suis incapable de faire semblant de sourire. Puis c’est passé. Je me suis détendue et c’est devenu amusant. Le temps de la pose est passé très vite. J’ai oublié le côté « pose » et j’ai passé un merveilleux moment. Il m’était tellement naturel d’être nue qu’il m’a paru étrange de me rhabiller. C’était un peu comme refermer quelque chose.

 J’étais fascinée de découvrir les photos. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Certaines me ressemblaient vraiment, telle que je me vois dans un miroir. Je reconnaissais bien mes traits, mon corps, ma manière de me tenir. Idan a su saisir des expressions et des attitudes qui sont moi, des petites mimiques naturelles et spontanées qui n’appartiennent qu’à moi. D’autres sont plus surprenantes, magnifiques. Je ne savais pas que je pouvais ressembler à ça. En les découvrant, je savais que c’était des photos de moi, mais d’un moi totalement étranger, différent, presque une autre, très belle. J’ai voulu en prendre un tirage pour moi. Le numérique ne fait jamais le même effet que le réel. Il m’aurait paru étrange de faire cette démarche et de ne pas repartir avec une photo. Je savais qu’une photo numérique ne sortirait jamais de mon ordinateur et qu’elle finirait oubliée dans un dossier sans que je n’y touche plus. Le choix a été difficile. Il y en avait plusieurs qui me plaisaient vraiment. J’étais fascinée de voir Idan les trier. Je n’aurais pas pu faire un choix seule. Je crois qu’on a sans doute passé plus de temps sur cette sélection pour moi. Finalement, il en est resté trois. Je n’ai pas pu les départager. Elles étaient à la fois très belles et toutes différentes. Au début, je ne voulais pas les accrocher chez moi, juste les avoir, comme une sorte de preuve que je pouvais aussi être cette belle femme. Je trouvais bizarre d’accrocher des photos de moi chez moi, et tout particulièrement des photos de moi nue. Je ne sais pas pourquoi cette timidité me freinait ainsi. Après tout, faire cette démarche était vraiment quelque chose de spécial. Je pense que ça a remué beaucoup de choses en moi. 

Cette expérience a été vraiment merveilleuse, surprenante. C’était une autre manière de prendre soin de moi et surtout une autre manière de me voir. C’est une démarche très personnelle. Les photos qui ont été réalisées, celle qui rejoint le projet et les deux autres que j’ai choisies, sont des œuvres d’art, ce qui les rend vraiment spéciales en elles-mêmes. Je suis très contente de faire partie de ce projet artistique. D’une manière beaucoup plus intime, elles me permettent de réaliser que mon corps est beau, qu’il ne se limite pas à des sensations physiques. Elles me renvoient une image de ma féminité qui me plait beaucoup. Ces photos sont, en plus de leur nature d’œuvre d’art, une autre vision de moi, de ce que j’étais à cet instant particulier, une vision que je pourrai exposer chez moi, garder pour moi ou transmettre, peut-être. Les recevoir par mail a été un joli moment. En lisant l’objet « Votre photographie est prête », j’ai pensé « déjà ? » et j’ai été très excitée. Je n’ai pas pu attendre, j’ai tout de suite ouvert les photos. Je ne trouve pas de mot pour décrire la sensation que j’ai eue en les redécouvrant. J’avais hâte de les recevoir. Elles sont encore plus belles que dans mon souvenir. Je suis vraiment heureuse de ce qu’elles représentent pour moi. Elles me montrent une part de moi lumineuse que je ne connaissais pas. Cette expérience a complété quelque chose chez moi. Une pièce dans ma perception de moi s’est mise en place et m’apporte une nouvelle harmonie. Elles me montrent ce que je suis devenue après une période intense de profonds changements dans ma vie. Je pense que je retenterai l’expérience, un jour. Je le ferai sans doute quand une nouvelle période de grands changements se produira. Je le ferai aussi peut-être plus tôt, juste pour le plaisir de la beauté. 

 

Cette séance photo a rempli sa mission première : me faire accepter mon corps

Tout d’abord, une présentation s’impose. J’ai 46 ans, je suis papa d’un garçon de 14 ans et fraîchement divorcé au moment de ma participation au projet. Je vis en Seine et Marne et je bosse dans la grande distribution, comme cadre administratif. Physiquement, je pense ressembler à monsieur tout le monde. Enfin, c’est ce que je pense, car la réalité est totalement différente. Je n’aime pas mon corps. Je suis grand, rond avec des formes surtout à l’abdomen. En fait, je n’aime pas mon corps des épaules aux cuisses. En dehors de cette partie, ça va !!! Sexuellement parlant, je me suis longtemps considéré comme hétéro. En fait j’ai voulu être hétéro pour rentrer dans un moule et faire comme tout le monde. Et puis au fil de mon mariage, je me suis rendu compte que mon univers était plutôt tourné vers l’homme et le masculin. Je me suis menti à moi-même en pensant que j’allais mieux m’apprécier entouré d’hommes. Comme si être en compagnie d’hommes pouvait me rassurer sur mon propre corps. Car le problème venait de mon corps.  Ma vie perso d’alors était rythmée par des faux semblants hétéro et une réalité homo. J’aurai aimé être gaulé comme tous ces dieux du stade et en même temps, je tentai de me rassurer sur mon propre corps en fréquentant des hommes. Je suis assez pudique devant les femmes, et paradoxalement je peux être totalement libéré en présence d’un ou plusieurs hommes, quand il y un objectif sexuel au bout. Tout ça c’était avant mon divorce (que je n’ai pas provoqué, mais qui s’est imposé à moi).

 

Depuis 3 ou 4 ans, au regard de ce que je viens de dire, je me suis mis à chercher un photographe qui accepterait de me prendre en photo nu et surtout quelqu’un qui arriverait à sublimer ce corps que je n’aime pas. Pour essayer d’en faire quelque chose !!! Soit du nu artistique, soit des gros plans de mon corps, mais toujours avec cette idée que : OUI, même moi, j’ai un corps qui peut faire rêver ou fantasmer.

Un jour, en traînant sur facebook, je suis tombé sur la publication d’Idan au sujet de son projet « Un Anonyme Nu Dans le Salon ». 

Ça a été une vraie révélation pour moi.  Le projet d’Idan est vraiment ce que je cherchais. Mettre en avant des inconnus, des gens « normaux », avec des tronches, des physiques de monsieur et madame tout le monde. J’ai trouvé le projet « purity », très joli et certaines photos m’ont vraiment touché. La surexposition des corps fait que les contours sont doux et la vision du corps nu est totalement différente de ce que je pouvais imaginer d’une photo de nu. Il y avait des hommes comme moi, et ils étaient beaux. C’était magique pour moi, et je n’avais jamais vu un tel projet. 

Plus je regardais les photos, et plus je me disais que j’allais pouvoir réaliser mon rêve. Mais du coup, la réalité m’est revenue en pleine tronche. Il allait falloir que, moi Fabien, je me mette nu devant un inconnu  pour autre chose que du sexe. C’était un vrai problème pour moi. Comment j’allais réagir ? Au final, pourquoi le faire ? Je suis laid, donc aucun intérêt pour Idan. Je ne m’aime pas, donc, le rendu sera à mon image : moche.

Et pourtant, je me suis fait violence. Je me suis inscrit en me disant que c’était maintenant. J’ai hésité, mais pas longtemps : 1 heure maxi. C’était pour moi. J’ai pris un rendez-vous assez loin dans le temps (quand même, on se refait pas non plus). Un jour où je savais que je serai seul, sans aucune excuse pour annuler ou reporter. C’était un samedi après-midi d’août 2019. Je me souviens très bien du temps qu’il faisait dehors (il faisait très chaud) et de l’état d’esprit dans lequel j’étais : un mélange de fébrilité et d’anxiété, mais avec une pointe d’envie. Je ne savais absolument pas comment la séance allait se dérouler, je m’imaginai un studio immense tout blanc de partout. Je ne le savais pas encore, mais cette séance allait être pour moi une vraie thérapie.

 J’arrive devant ce grand bâtiment blanc, avec plein de logement. Je me dis, comme ça rapidement, c’est louche ce truc. Comment peut-il y avoir dans ce bâtiment, LE studio que j’avais imaginé ? Je sonne, les portes s’ouvrent et Idan vient m’accueillir dans son studio qui ressemble étrangement à un appartement en fait. Je patiente quelque minute en attendant qu’Idan vienne me chercher. Des photos de la collection « Purity » sont accrochées au mur. Curieusement, je n’ai plus d’appréhension sur le lieu, alors qu’il ne ressemble pas du tout à mon imaginaire. Idan vient me chercher et m’invite dans SON studio. Et là c’est un petit choc : une pièce sombre, intime, avec un canapé, un bureau, un paravent, 2 énormes spot de photographe devant un mur blanc. Mur qui est fait un grand rouleau de papier déroulé du plafond au sol. Je trouve l’espace entre le mur et les spots assez réduit. Voilà pour  lieu.

Idan m’invite à m’asseoir devant son bureau, et me propose à boire. J’accepte, car j’ai la gorge très sèche.  Et comme indiqué dans son site internet, Idan débute l’explication de la séance, me pose des questions sur mes motivations, ce que je suis, qui je suis. Je réponds à toutes ses questions, sans dérobade. Pas de questions intimes, c’est plutôt moi qui aborde ces questions : ma vie privée, ma relation à mon corps. Puis vient le moment fatidique où Idan m’invite à passer derrière le paravent où je dois me déshabiller.  En fait, en retirant mes vêtements un à un, je ne me pose pas trop de questions, sauf des questions techniques : comment je dépose mes affaires : par terre, sur le crochet au mur ??? Des questions futiles, mais des questions quand même. Par contre, une fois nu, la question de la mort : c’est je fais quoi maintenant. Donc je sors du paravent, j’ai peur, je m’avance et je tente de cacher mon intimité avec ma main.

Idan m’invite à me positionner sur le mur blanc, il débute ses instructions sur les poses, et à compter de ce moment précis, mon corps n’a plus d’importance pour moi. Je suis focalisé sur ses instructions et rien d’autres. Je ne me pose aucune question sur, comment je suis, mon sexe est-il visible ou pas, à quoi je ressemble là, nu devant un inconnu dans des positions parfois improbables. NON plus rien, plus aucune gêne. C’est comme si j’étais habillé, comme si je n’étais pas nu. Après réflexion, je suis assez surpris de moi par cette légèreté et cette façon que j’ai eu de prendre les poses. 

Je n’ai aucune idée du temps passé à me faire photographier. A aucun moment je n’ai réfléchi sur les poses prises. A aucun moment, je n’ai dit à Idan : Non vraiment pas comme ça, c’est trop. Il est pro et savait parfaitement ce que physiquement j’étais capable de faire, sans que j’ai à me préoccuper de l’apparence que j’avais.

Séance finie : Déjà !!!! 

 

Le choix de la photo

Passage derrière le paravent, je m’assois devant le bureau et la séquence du choix de la photo débute. Idan m’explique la façon de faire et nous débutons le choix. Les photos défilent, et je me vois pour la première fois nu sur un écran d’ordinateur. Il y a avait pas moins de 200 photos je crois. Je me trouve bien. 

Est-ce que je me trouve beau ? Oui sur certaines oui. Parce que l’angle est mieux, parce que la surexposition est meilleure. J’arrive à porter un jugement positif sur des photos montrant ce corps, mon corps, que je n’aime pas. J’arrive, même à faire un choix en disant : celle là est mieux que celle là. Exit la phrase : « celle là est moins pire que l’autre ». J’arrive à trouver du positif  dans les travaux d’Idan. Je ne me pose aucune autre question à cet instant. Je suis porté par la folie du choix de la photo. 

Nous tombons OK sur la photo qui sera mis en ligne. C’est seulement à cet instant que j’ai pris conscience que n’importe qui allait pouvoir me voir à nu physiquement. Bien sûr je le savais en venant, et Idan m’avait bien expliqué. Mais jusqu’à présent, je pensais à moi, mon corps, ma nudité. Au moment du choix final, j’ai pris conscience que mon corps nu allait être exposé. Des amis, ma famille, mes collègues de travail, avaient la possibilité de me voir nu. Mais c’était un nu que j’avais choisi. Un nu artistique. Pas un nude de Twitter…. Non un truc beau, un mec pas mal en fait. MOI.

J’étais sur un petit nuage, j’étais bien et rassuré. J’étais surtout fière de moi et aussi du travail d’Idan !!! 

 

Le retour à la maison

J’ai longtemps gardé cette expérience pour moi. Personne dans mon entourage ne le sait. Sauf une : ma nouvelle compagne. Je lui ai montré les photos que j’avais acquises. Nous en avons discuté ensemble et elle trouvé le projet très intéressant. Parce que oui, ce projet a contribué largement au fait que j’assume ce que je suis. J’ai changé mon regard sur moi, et donc j’ai modifié ce que moi je pouvais imaginer dans l’esprit des autres. C’est compliqué comme phrase… !!!! Je n’ai plus peur de mon corps. Je ne l’aime pas forcément plus, mais je l’accepte tel qu’il est. La prochaine étape sera pour moi d’en parler librement à mes amis, mes collègues. C’est possible dans un avenir très proche…

Je suis régulièrement les travaux et projet d’Idan, et j’ai très envie de reprogrammer une séance sur un projet « gratuit » ou « payant ». J’ai envie de profiter et de me voir encore différemment, et je suis prêt à en montrer plus. Je suis ravi de cette expérience. 

 

Cette séance photo a rempli sa mission première : me faire accepter mon corps.

Idan a capturé quelque chose que je ne connaissais pas

J’ai découvert le projet d’Idan sur les réseaux sociaux ; et il m’a de suite séduit. J’ai toujours eu de l’intérêt pour les projets collaboratifs, ceux qui sortent  l’art d’un sérail réservé à une élite et l’offre à toutes et tous. (Je suis bibliothécaire jeunesse, et rien n’est mieux par exemple pour les gamins que de rencontrer les auteurs, illustrateurs, créateurs d’expo ; ce n’est pas du temps perdu !) ; en plus d’une rencontre avec un artiste, ce projet-là luttait contre tous les stéréotypes de notre époque sur le corps (chaque époque a les siens). Je suis une femme tatouée, dans la 50ène, et comme d’autres dans ce cas, j’ai croisé quelques préjugés.

Et puis j’aime les corps ! Je trouve les gens beaux… dis comme ça, ça peut faire étrange, mais je trouve qu’il y a une beauté en chacun, chacune…

Ce projet avait donc tout ce qu’il fallait pour que j’y adhère… pourtant j’ai mis un certain temps avant de retenir un RDV. Malgré tout ce que je viens de dire, je n’étais pas certaine que mon corps soit « intéressant »…

Le jour de la séance, il faisait une chaleur épouvantable. Avantage : j’étais du coup plutôt nonchalante et détendue… et Idan a aussi le don de mettre à l’aise en toute simplicité. Les photos présentes dans le salon ont achevé de me convaincre que j’étais au bon endroit ! 

Me dévêtir et sortir de derrière le paravent était une formalité. J’avais déjà expérimenté plusieurs occasions de nudité, du naturisme à d’autres plus intimes…

Par contre, la séance a été une réelle nouveauté ! Je n’avais jamais posé : je ne suis pas souple, du tout, j’en ai eu la confirmation absolue et amusante… 

Mon vrai choc a été au moment du tri des photos : je me suis vu belle ! oui, « belle ». Les photos d’Idan avait attrapé un quelque chose que je ne connaissais pas : une unité qui est encore plus devenue évidente pour moi depuis.

En plus de la photo à laquelle la participation au projet donne droit, j’en ai pris 2 autres papiers… et surtout, depuis, j’en ai rajouté deux autres de deux inconnus. Je suis parfaitement consciente que je risque d’agrandir régulièrement ma petite collection. D’ailleurs, cette envie là me réjouit particulièrement ! 

C’était le bon moment pour me lancer dans cette aventure !

J’ai découvert Idan et son projet « Un Anonyme Nu Dans Le Salon » tout à fait par hasard, sur les réseaux sociaux en tout début d’année 2019.

 Suite à un travail effectué sur moi-même quelques mois auparavant , je venais de découvrir le naturisme et commençais enfin à accepter mon corps.

Amoureux des photos de nus (plutôt masculins), je suis donc allé voir le site d’Idan et suis tombé sous le charme de son travail.

 2019… année de mes 50 ans, je me suis dis que c’était le bon moment pour me lancer dans cette aventure et m’inscrire à une séance qui a eu lieu fin janvier. C’était à la fois un défi et mon cadeau d’anniversaire 

 Hasard ou pas… Après mon inscription, je suis tombé sur la photo d’un ami qui avait été faite par Idan. Ce qui m’a permis de me rassurer sur le fait de m’être inscrit à cette séance. Car je dois reconnaître que j’étais un peu anxieux à l’idée de faire cette séance. Je n’avais jamais fait cela auparavant… et encore moins nu devant un « inconnu » !

 Mais dès mon arrivée, Idan a su me mettre en confiance. Après notre discussion, je me suis déshabillé tout naturellement derrière le paravent avant de me positionner nu devant lui prêt à suivre ses instructions.

Idan m’a guidé tout au long de la séance ce qui m’a permis de prendre un réel plaisir jusqu’à en oublier ma nudité !

 Le moment de la sélection a été très difficile… d’une part par le fait de me découvrir nu en photo et d’autre part au vu du nombre important de clichés tous plus beaux les uns que les autres. Mais encore une fois, Idan a su m’accompagner à faire ces choix.

 A ce jour, je n’ai malheureusement pas encore pu assister à une exposition et n’ai encore jamais montré mes photos à d’autres personnes. C’était un peu mon jardin secret.

 Très récemment, soit plus d’un an après la réception de mes photos, je les ai montrées à une personne qui compte énormément pour moi et j’ai été surpris de sa réaction très positive (aussi bien sur le projet que sur ma nudité et la qualité des photos).

Pour conclure, je dirais juste que cette séance a été pour moi une très belle expérience que j’aimerais beaucoup réitérer sur une autre collection peut-être !

 Un grand merci à Idan, sans qui je n’aurais sûrement jamais pu vivre cette belle expérience.